Les différentes approches de commercialisation

La course aux nouveaux marchés


En pleine expansion, le marché mondial des vins mousseux est sujet à toutes les convoitises. La France et l’Italie, deux acteurs très dynamiques du secteur, pour prospérer, ne cessent de multiplier les stratégies.



La chasse aux BRIC (Brésil-Russie-Inde-Chine)


La défense de l'appellation: une stratégie de valeur
L’appellation Champagne est désormais reconnue au Brésil. Il était jusqu’il y a quelques mois encore possible de commercialiser des vins mousseux brésiliens sous le nom de « Champagne ».  Ce n’est plus le cas depuis décembre 2012. 

La France, a fini par obtenir gain de cause après 5 ans de lutte pour la défense de l’appellation. Il faut savoir que le Brésil représente un marché important en ce qui concerne les vins effervescents, étant un pays émergeant en pleine croissance économique. 

Le pays participait déjà à l’achat d’un million de bouteilles de champagne sur les 143 millions de bouteilles exportées au cours de l’année 2011. 
Un nombre qui pourrait donc s’accroitre fortement après l’évènement, une part de marché importante étant susceptible d’être récupérée même si, comme le déclare le Comité Interprofessionnel de Champagne (CIVC) « ce n’est pas fait dans une logique purement commerciale ». 

En effet, cette protection serait surtout un moyen de déjouer la contrefaçon encore présente sur les marchés. Elle est «essentielle à la promotion du savoir-faire français à l'étranger » affirme Stéphane Le Foll, ministre Français de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire. Le scénario pourrait à présent se reproduire en Chine où des démarches ont été entamées. 
Les négociations s’avèrent en revanche plus tendues  pour la Russie où la marque prévaut sur la protection géographique.

Savoir-faire ou non, faire reconnaître son terroir permet, quoi qu'il en soit, aux bulles champenoises d'agrandir leur notoriété et de toucher ainsi plus de cibles mais aussi de  paraître plus crédible aux yeux des consommateurs. Un enjeu donc immense qui lui permet d'étendre ses parts de marché.


La phénomène BISOL
Le Prosecco Bisol exporté dans 56 pays dont les BRIC, est exclusivement distribué à travers le canal Horeca. Une stratégie qui paie : Ses ventes, de 2009 à aujourd’hui ont augmenté d’environ 650% chez les BRIC. 

Le Bisol est ainsi servi dans les établissements les plus prestigieux comme le « Mani », restaurant brésilien figurant parmi les 100 meilleurs restaurants au monde d’après le classement de la revue britannique « Restaurant Magazine ». 

En Russie, les vins mousseux italiens occupent la première place des consommations de vins effervescents étrangers et sont distribués dans l’une des sociétés d’importation les plus influentes de Moscou nommée MB Group. 
La Chine n’échappe pas à la tendance et les sert également dans ses restaurants les plus luxueux tels que LM Plus et Fairmont.  

Son producteur Gianluca Bisol, explique cette montée en puissance du produit par le fait qu’il soit « polyvalent (…) choisi comme la boisson idéale pour se déguster à tout moment pendant la journée et il accompagne tous les plats de l’apéritif au dessert ».
Le Prosecco Bisol, à la base assez abordable, devient beaucoup plus cher une fois importé dans les pays BRIC comme le Brésil où il subit de plein fouet les taux d’imposition, faisant du vin une boisson de luxe. Image marketing sur laquelle l'Italie peut jouer ses cartes.


Elargir les horizons


Un mousseux biologique et certifié Halal
L’Italie met au point un nouveau concept : un effervescent Bio, sans alcool et certifié Halal. Une idée lancée fin 2012 par une entreprise vitivinicole de la province de Trévise. Ce spumante qui porte le nom de « Zerotondo » est un moyen d’élargir la clientèle des mousseux italiens en étendant leur commerce dans les pays arabes. Les portes parole de l’entreprise ont confié que l’opportunité s’était présentée après un cours de dégustation de vin non alcoolisé réalisé avec la communauté arabe de Trévise, qui a exprimé un grand intérêt pour l’initiative.


Une occasion d’étendre donc le marché, sachant que plusieurs des pays avec lequels ils travaillent sont musulmans. Ainsi 15 000 bouteilles ont été commercialisées en septembre dernier, le but étant d’en atteindre 100 000 d’ici un an. L’effervescent sera également vendu dans les magasins Bio.



Du vin au verre  
L’entreprise italienne Enomatic a eu en 2002, l’idée révolutionnaire de proposer de l’effervescent au verre à l’aide d’une machine issue des dernières technologies.  
Une nouvelle piste à explorer pour l’Italie qui ne cesse de développer son marché des effervescents  à l’étranger. Cette machine baptisé « Flûte » permet de servir de l’effervescent au verre tel les machines à café avec leur expresso qui marchent du tonnerre de nos jours. 

« Flûte » garantit l’effervescence et la fraîcheur du vin jusqu’à une semaine. Un concept déjà adopté par 70 pays dont les Etats-Unis qui la commercialise dans plusieurs de ses bars à champagne, où elle rencontre un grand succès. La machine est vendue à 10 000 euros soit le double d’une machine pour vin tranquille. 



Du Champagne sous les boules à facettes
La Chine marché potentiel pour le secteur des effervescents, consomme essentiellement les mousseux en boîte de nuit.  Ces lieux de fêtes constituent la moitié du marché chinois,  Shanghai en étant le cœur.  

Ville festive par excellence où le Champagne coule à flots, elle  concentre la moitié des ventes. C’est la raison qui a mené les plus grandes marques françaises de Champagne à passer des contrats d’exclusivités avec les clubs les plus branchés de la ville sous la forme de gros investissements.  Parmi elles, l’on peut citer Moët & Chandon, Mumm, Veuve Clicquot ou encore Perrier-Jouët. 
Il faut avouer que cet intérêt pour le Champagne s’est exprimé très tardivement, à partir des années 2007 et 2008 pour être plus précis. 
Ceci dit le pays semble montrer au marché de bons augures depuis, sa croissance approchant les 20%. Des tentatives d’étendre ce marché de la nuit à la lumière du jour viennent d’aboutir. On a inauguré en début d’année le premier bar à Champagne de Shanghai qui s’annonce très prometteur. Une occasion de plus à saisir pour les producteurs viticoles Français.